samedi 4 janvier 2014

Hotline SFR : tentative de suicide d'un employé qui dénonce "une pyramide de harcèlement"


TUNISIE - "Un geste de désespoir". C'est ainsi que Wajdi Mahouechi, 26 ans, explique sa tentative de suicide vendredi dernier. Le jeune homme a tenté de se défenestrer sur son lieu de travail, sur le site de Teleperformance (Charguia), leader mondial des centres d'appels.
"Les conditions de travail sont hyper stressantes. J'étais très attentif pour ne commettre aucune erreur. Mais la formatrice là-bas m'a harcelé", témoigne-t-il en vidéo pour le Courrier de l'Atlas.

Contacté par le HuffPost Maghreb, le jeune homme s'explique: "j'ai vu plusieurs personnes se faire virer devant mes yeux. La formatrice me menaçait implicitement, me disant que je n'étais pas capable, que j'étais le prochain!".
Wajdi Mahouechi était en formation de téléconseiller depuis moins de trois semaines pour SFR. Il se dit "à cran, hyper-stressé, très sensible." Vendredi 27 décembre, le jeune homme malade fait un passage par l'infirmerie et arrive en retard à la formation "J'ai compris qu'on allait me virer, qu'on allait m'appliquer la même procédure".
En attendant de signer des papiers pour officialiser le licenciement, le jeune homme se met à rédiger une lettre de suicide. "J'étais sous le choc, j'ai accepté de mettre fin à ma vie parce que je ne supportais plus ma situation. Je n'ai pas d'argent."
Plusieurs collègues l'arrêteront alors qu'il est déjà perché sur le rebord de la fenêtre.
"On a fait ce qu'il fallait faire en terme de sécurité", explique l'un des membres de l'équipe dirigeante de Teleperformance Tunisie (TP Tunisie). "C'est quelqu'un qui a craqué. Lui voit ça comme du harcèlement. Pour nous, c'est un échec, ça arrive! On a des critères de sélection, sa formation n'a pas été concluante. Il n'a pas réussi à maitriser les arcanes du métier", tempère-t-on du côté de TP Tunisie.
"Pression psychologique et menace de licenciement"
Cet acte - "isolé", insiste la direction, a rapidement circulé au sein de l'entreprise, qui compte environ 5500 salariés répartis sur six sites à travers le pays.
Ils sont les petites voix d'Orange, de SFR ou encore de Numéricable. Des employés qualifiés qui dénoncent régulièrement leurs conditions de travail. Fin février, six syndicalistes s'étaient enfermés plusieurs jours dans une salle de réunion du siège de Teleperformance, suivies de grèves de la faim, de manifestations et de trois jours de mobilisations début avril.
A l'époque, un gréviste responsable d'équipe dénonçait un véritable mal-être au travail. Licenciements abusifs, stress quotidien, "on est tout le temps en contact avec les clients, on se fait insulter mais la procédure veut qu'on garde le client 16 minutes en ligne (pour les appels Orange). C'est très éprouvant", raconte cet employé.
Un autre évoque des "pressions psychologiques. Nos responsables savent qu'on doit nourrir nos familles. Ils jouent là-dessus, nous menacent souvent d'un licenciement".
Les salariés exigent la mise en place d'un accord sur l'évolution des carrières, signé en décembre 2010 et toujours pas respecté. "On l'attend toujours. Rien n'a changé depuis notre grève", entend-on chez les employés.
Seule concession, une augmentation de salaire d'une centaine de dinars pour les employés qui sont restés sur le même poste. Un téléconseiller est rémunéré environ 570 dinars par mois pour une quarantaine d'heures par semaine.
Les employés prévoient tout de même de nouvelles négociations avec la direction.
De son côté, Wajdi Mahouechi a décidé de "porter plainte contre le système Teleperformance. Je vais poursuivre la formatrice et l'entreprise. Cette boite, c'est une pyramide de harcèlement, même la formatrice est victime d'une trop grande pression".

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